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Panorama sur la culture

Au cours des cinq millénaires de leur constante présence dans le monde, les Grecs connurent et donnèrent successivement à l’humanité plusieurs formes de civilisation : la Cycladique, la Crétoise, la Mycénienne, l’Archaïque, la Classique, l’Hellénistique et la Grèce moderne empreinte surtout de culture populaire. Les trois premières de ces civilisations remontent au troisième et second millénaire av. J.C. . Les cultures Cycladiques et Archaïques créèrent des formes d’art (sculpture et peinture) considérées comme modèles des formes d’art moderne. La période Classique (6ème au 4ème siècle av. J.C.) connut une des plus brillantes réalisations de l’esprit Grec. Durant la période Hellénistique (4ème au 1er siècle av. J.C.) la langue Grecque, grâce aux conquêtes d’Alexandre le Grand, acquiert une universalité que l’on peut qualifier d’unique. Pendant la période de la domination de Rome qui suivit, la civilisation Romaine fut profondément influencée par l’héritage culturel Grec et c’est par la voie de la langue grecque que s’accomplit le miracle de la propagation du Christianisme, particulièrement en Orient. La civilisation byzantine, imprégnée de culture orientale, dura plus de mille ans après le déclin de l’Empire Romain, tandis que le 17ème siècle voit poindre en Grèce dominée par les Turcs, la culture populaire Grecque moderne.

Des oeuvres uniques illustrent la civilisation Grecque Antique tant dans les domaines de l’architecture et de la sculpture que des lettres. Le monument le plus impressionnant qu’elle nous a légué est le Parthénon qui - ainsi que d’autres chefs d’œuvre - se dresse sur le rocher de l’Acropole d’Athènes. De nos jours l’Acropole attire près de 1,5 million de visiteurs par an. Environ 600.000 autres ne manquent pas de visiter le Musée Archéologique d’Athènes qui possède la plus importante et la plus riche collection d’art antique grec du monde. La Grèce possède également de nombreux sites archéologiques riches en vestiges de la civilisation Grecque, tant antique que médiévale, ainsi que des musées où sont exposées d’importantes oeuvres d’art. Le pays est parsemé d’églises byzantines et post - byzantines et de monastères d’un haut intérêt en particulier ceux du Mont Athos (Chalcidique) et des Météores (Thessalie) sans oublier le merveilleux ensemble d’églises et de monastères de Mystra, ville médiévale, du Péloponnèse, aujourd’hui en ruines. Enfin la citadelle dominant l’île de Patmos, abrite un monastère - musée. La civilisation de la Grèce moderne a ses racines dans la tradition populaire qui lui a légué de brillantes oeuvres d’art - constructions, textes, broderies, costumes, sculpture sur bois, objets en bronze etc. Puisant leur inspiration dans l’art populaire, les artistes grecs du 19ème siècle et du 20ème siècle produisirent des oeuvres d’art qui sont contemporaines et d’un niveau égal aux réalisations artistiques du reste de l’Europe.

La création artistique d’inspiration populaire constitue un chapitre important dans l’histoire de la culture grecque contemporaine. Effectivement de nombreux et anonymes artistes et artisans ne possédant aucune formation en matière d’esthétique, ont laissé derrière eux une floraison d’oeuvres remarquables.

Les chansons démotiques (populaires) constituent des exemples d’une poésie de haute qualité faisant l’objet d’études littéraires et esthétiques, que même Goethe admira tant. Elles n’étaient pas écrites mais chantées, musique et paroles formant un tout indissociable. Grâce à la tradition, nombre d’entre elles ont pu être conservées. Et sur l’initiative de l’Académie d’Athènes plusieurs ont été même enregistrées sur disques avec le concours de chanteurs et musiciens populaires.

L’architecture grecque populaire présente également de l’intérêt. Elle apporte des solutions au problème de l’habitat qui sont attrayantes et pratiques. Des agglomérations entières de caractère traditionnel tant du point de vue de plan d’ensemble que de conception architecturale existent encore. Et à cet égard remarquables sont les agglomérations traditionnelles des îles Égéennes, de l’Épire, du Pilion et de la Macédoine Occidentale. L’appréciation de Le Corbusier concernant l’Église «Paraportiani» de Mykonos, qu’il n’hésita pas à appeler «un second Parthénon» est caractéristique. L’œuvre du temps, les tremblements de terre et l’indifférence de leurs propriétaires ont fait disparaître un grand nombre de spécimens d’architecture populaire. Toutefois, des efforts sérieux ont été entrepris récemment visant à les sauver et les conserver. Un bon nombre d’architectes Grecs modernes s’inspirent de l’architecture populaire traditionnelle, le plus réputé d’entre eux, véritable pionnier dans ce sens est Dimitris Pikionis, à qui a été confié l’aménagement moderne de la zone entourant l’Acropole.

Les peintures populaires murales, ainsi que des enseignes de magasins, sur carton et sur bois, constituent un autre aspect de cet art grec populaire. L’exemple le plus caractéristique à cet égard est celui du peintre Théophiles [il s’appelait Théophilos Hadjimichail], dont des oeuvres sont exposées au Louvre ou dans des collections privées à Athènes, à Volos et à Mytilène.

Bien des iconostases des églises grecques sont ornés de magnifiques bois sculptés ou de peintures.

Les ustensiles de cuivre aux formes étranges, les broderies et tissages sont aussi d’un grand intérêt, de même que les bijoux travaillés dans l’or ou l’argent.

Le théâtre populaire dont les racines plongent dans le moyen âge néo-grec, notamment crétois (17ème siècle), a fourni un important répertoire servi régulièrement de nos jours par des troupes officielles ou privées. Les pièces les plus souvent jouées sont «Erophili» de Hortatsis, (1637) («Erotocritos») et «Le sacrifice d’Abraham» de Vincenzo Cornaros (16-17ème siècle) oeuvres d’une forme théâtrale élégante aux vers bien travaillés et à l’intrigue passionnante. Le climat de tendresse humaine dans lequel baigne l’élaboration du mythe est la caractéristique foncière de ce répertoire. Un spectacle d’un genre particulier est le «Théâtre d’ombres» nommé du nom du personnage central Karaghiozis. Ce dernier est l’antihéros populaire dont les facéties et singeries réjouissent les spectateurs - grands et petits - non sans toucher en même temps à des problèmes d’ordre social.

Dans toute la Grèce se déroulent, à certaines époques, un certain nombre de fêtes populaires dont les origines remontent à l’antiquité, à Byzance ou à l’époque de l’occupation turque. Plus d’une de ces fêtes constituent des coutumes profondément enracinées que font revivre aujourd’hui les initiatives de l’État ou d’organisations locales. On peut citer les «droména» composés de danses et de mimiques, les «Anasténaridès» (Grèce du Nord), le «Yérondas» (Le vieux), (dans l’île de Skyros et dans d’autres régions), les «Maïdes» (dans le Pélion) les «Boulès» (à Naoussa). Les «droména» symbolisent ou reconstituent le réveil du printemps, la renaissance, le renouvellement et en même temps les préparatifs secrets aux luttes d’indépendance nationale. Les «Anasténaridès» sont des danseurs qui, tenant dans les mains une icône et poussant des cris inarticulés, gambadent pieds nus, sans se brûler, sur des charbons allumés. Le «Yérondas» est un danseur habillé d’une peau de bête à longs poils et masqué qui exécute des mouvements de danse. Les «Maïdes» en dansant aussi exaltent la joie de vivre ou satirisent des moeurs locales. Les «Boulès» sont un groupe de danseurs composé de «Janissaires» masqués portant la fustanelle qui entourent la fille à marier (un homme portant la robe de mariée), la revendiquent chacun pour son propre compte.

Les trésors de la civilisation grecque populaire ont fait l’objet d’études et recherches particulières. La richesse de ces formes d’art, élaborées par des artisans anonymes, explique que la branche de l’éthnologie (la «laographie») qui se penche sur elles connaît en Grèce un tel développement. Il est des Grecs qui goûtent ces réalisations populaires au même degré qu’ils admirent la civilisation antique.

Par ailleurs, la création intellectuelle et artistique dans la Grèce d’aujourd’hui marche du même pas que celle des pays culturellement avancés du reste du monde et il y a concomitance dans les innovations.

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