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Introduction

Impressionnante, est l’homogénéité religieuse du peuple grec : le nombre des fidèles de l’Eglise orthodoxe de Grèce coïncide presque avec le total de la population. En effet, sur 1000 habitants, 974 sont chrétiens et 967 sont de rite orthodoxe. Si à ce fait l’on ajoute le souvenir du rôle historique capital joué par l’Eglise Orthodoxe, en particulier au Moyen-Age et dans les temps modernes, dans la perpétuation de l’Hellénisme, on comprendra aisément pourquoi les Constitutions helléniques ont toujours attribué une place privilégiée à cette Eglise et ont reconnu - comme le reconnaît encore la Constitution actuellement en vigueur - son enseignement comme celui de la religion prépondérante.

Statut juridique

Le statut qui règle les rapports entre l’Etat grec et l’Eglise est sui generis. Il n’y a ni union ni séparation totale de l’Eglise et de l’Etat. L’Etat veille à la protection et à la marche de l’Eglise chrétienne orthodoxe qui est, administrativement et économiquement, une personne morale de droit public. Dans l’enseignement, à tous les niveaux, jusqu’au seuil des établissements supérieurs, le cours de religion est enseigné sur la base de la foi orthodoxe.

Il y a de la part de l’Etat, soit contrôle des activités de l’Eglise, dans certains cas, soit, dans d’autres de nature extérieure et administrative n’ayant évidemment pas de rapport avec le dogme et le culte, coopération par exemple il publie le décret reconnaissant l’élection de l’évêque par les organes ecclésiastiques et sa nomination dans tel diocèse ou encore c’est lui qui accorde l’autorisation de fonder une église, pour la création d’une paroisse etc. Cependant la Constitution et la Législation Helléniques, fidèles par ailleurs au principe de la liberté religieuse et de la tolérance, respectent et protègent le sentiment religieux des citoyens, quelle que soit la confession à laquelle ils appartiennent. En effet, indépendamment des dispositions constitutionnelles citées plus bas, la loi pénale punit tout citoyen qui blasphème en public, qu’il s’agisse de Dieu, de l’Eglise Orthodoxe, mais aussi de toute autre Eglise, celui qui trouble un rassemblement de caractère religieux etc. Par ailleurs et par exception au principe de la liberté de la presse, peut être saisie avant parution toute publication dont le contenu serait injurieux à l’égard de la religion chrétienne, mais aussi de toute religion établie.

Dispositions constitutionnelles

La Constitution en vigueur décrète que :

La religion dominante en Grèce est celle de l’Eglise Orthodoxe Orientale du Christ qui reconnaît pour «Chef Notre Seigneur Jésus Christ» et qui est indissolublement unie, quant au dogme, à la Grande Eglise de Constantinople et à toute autre Eglise Chrétienne homodoxe. Ce qui signifie que l’Eglise de Grèce est liée de façon infrangible aux antiques Patriarcats «doyens» de Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem.

Toutes les personnes se trouvant sur le territoire hellénique jouissent du droit de protection quant à leur vie, leur honneur et leur liberté sans distinction de nationalité, de race, de langue, ni de convictions religieuses ou politiques.

La liberté de conscience en matière de religion est inviolable. La jouissance des droits individuels et politiques est indépendante des convictions religieuses de chacun.

Toute religion établie est libre et peut exercer son culte sans entraves, sous la protection des lois. N’est pas autorisé l’exercice du culte, s’il porte atteinte à l’ordre public et aux bonnes moeurs. Le prosélytisme est interdit.

Les ministres de toutes les religions établies sont soumis au même contrôle de l’Etat et aux mêmes obligations à son égard que les ministres de la religion dominante, c’est-à-dire de l’Eglise Chrétienne Orthodoxe.

Nul ne peut être dispensé, en raison de ses convictions religieuses, de l’accomplissement de ses obligations militaires ni refuser l’observance des lois de l’Etat.

L’Eglise grecque

L’Eglise de Grèce - comme l’église orthodoxe de Chypre - est «autocéphale», c’est-à-dire indépendante et s’administre elle-même de façon collégiale, les décisions étant prises par l’ensemble de la hiérarchie à laquelle participent tous les prélats actifs. Comme le prévoit la Charte-Règlement de l’Eglise, le Synode de la Hiérarchie se réunit une fois par an. Dans l’intervalle l’administration est assurée par le Saint Synode appelé permanent auquel prennent part à tour de rôle tous les prélats, à raison de 12 renouvelés chaque année au mois de Septembre. Le 13ème membre qui le préside est l’Archevêque d’Athènes et de toute la Grèce. Au total la hiérarchie compte 78 métropolites qui siègent dans autant de villes-diocèses du pays. Crète, Dodécanèse, Mont Athos

Un statut ecclésiastique particulier, garanti par la constitution, est en vigueur dans certaines régions, essentiellement en Crète, dans le Dodécanèse et au Mont Athos qui, spirituellement et administrativement relèvent du Patriarcat Oecuménique de Constantinople.

Eglise autonome de Crète : elle comprend l’Archevêché de Crète dont le siège est à Hiraklion et sept autres métropoles dans les villes suivantes de l’Ile : Mirès, Réthymno, La Canée, Spilaio de Réthymno, Néapolis et Castelli.

Métropoles du Dodécanèse : elles sont au nombre de quatre à Rhodes, Cos, Apério de Carpathos, Kalymnos, ainsi que le Monastère Patriarcal de St Jean à Patmos qui est un Exarchat du Patriarcat.

Mont Athos : il est administré collégialement par la Sainte Communauté qui siège à Caryès, composée des 20 représentants des 20 Saints Monastères de l’Athos, élus chaque année par les monastères, conformément aux règlements intérieurs. L’Etat nomme un gouverneur civil de l’Athos, qui a la responsabilité de l’administration civile de la Montagne Sainte et doit veiller à la sauvegarde de son régime particulier.

La Sainte Communauté, à Caryès, a la propriété du Sanctuaire du Protatos (titre du Président de la Communauté) qui est honoré sous le nom d’Eglise de la Dormition de la Vierge et qui est orné de fresques des 11ème et 14ème siècles.

Diverses légendes évoquent le nom et l'histoire ancienne de la Montagne Sainte le Mont Athos.

Athos, un géant thrace, aurait jeté la montagne contre Poséidon au cours d'une bataille entre Géants et Dieux. Selon une autre légende, ce serait Poséidon qui aurait enterré sous cette masse rocheuse le géant Athos.

Enfin, la tradition rapporte que la Vierge aurait tant admiré la beauté paisible et lointaine de la péninsule que son Fils lui aurait fait cadeau de cette terre: « Que cet endroit soit à toi, ton jardin et ton paradis, et plus encore un havre de paix pour tous ceux qui veulent leur salut ».

Depuis près d'un millénaire, le Mont Athos se singularise, dans le monde, par son statut de territoire religieux auto-administré, exclusivement habité par des moines orthodoxes et rigoureusement interdit aux femmes.

Lette péninsule, unique au monde, qui s'avance dans la mer Égée, conserve un ancien statut fixé par l'Etat byzantin instituant un équilibre entre la Communauté Sacrée du Mont Athos et le pouvoir impérial de Byzance.

Ce régime distinctif reste toujours en vigueur, respecté et inscrit dans la Constitution de la Grèce.

Aujourd'hui, 1800 moines vivent sur le territoire athonite qui compte vingt monastères, douze skites et de nombreux ermitages.

Deux types de monastères se distinguent : les cénobitiques et les idiorrythmiques. Dans les premiers, tout est commun: l'argent, les vêtements, le travail, la prière, l'autorité suprême assurée par un Conseil guidé par 1 'Higoumène (Supérieur Spirituel).

Dans les seconds, seul l'office divin est commun, les moines vivent indépendants. Ils disposent tous d'un lopin de terre et pratiquent des activités bien définies dirigé par un Conseil.

Ces monastères, fondés pour la plupart par des princes byzantins au Xe sIècle, sont demeurés les mêmes depuis des siècles préservant ainsi les règles inscrites dans la tradition.

Autres confessions

En Grèce, outre l’Eglise officielle, existent bien d’autres confessions comme : l’Eglise Catholique romaine de rite latin, l’Eglise Catholique de rite grec (Grecs-Unis ou Uniates), l’Eglise Protestante, l’Eglise Evangélique allemande, les Témoins de Jéhovah, les Contemplateurs de la Bible, l’Eglise Evangélique, l’Eglise des Saints des Derniers Jours, les Adventistes du 7è jour, l’Eglise de Dieu de la Pentecôte, l’Eglise Libre Apostolique de la Pentecôte, l’Eglise Apostolique du Christ, l’Eglise Anglicane, l’Eglise du Dieu de l’Evangile accompli, l’Eglise Christian Science, l’Eglise Apostolique d’Orient, l’Eglise Libre Evangélique, les Frères Chrétiens, l’Eglise Evangélique grecque, l’Eglise de Dieu, l’Eglise du Christ, l’Eglise Evangélique des Baptistes , les Chrétiens ou Anabaptistes, l’Eglise des Mormons, les Enfants de Mott, les Gedéonistes, les Presbytériens, les Coptes, Eglise arménienne Orthodoxe, Musulmans, Israélites etc.

Enfin il existe une petite minorité d’Orthodoxes dissidents nommés «Palaioiméroloyites», c’est à dire demeurés fidèles, à l’ancien calendrier (imeroloyo) Julien qui présente une différence de 13 jours de retard par rapport au calendrier Grégorien.

On évalue à 500.000 environ le total de ces fidèles répartis entre trois églises, cependant que pour les autres confessions le nombre d’adeptes varie de 1.000 à 45.000. L’Eglise Catholique romaine en compte 42.000 concentrés essentiellement à Syra, Athènes et Corfou, les Catholiques de rite grec (Uniates) 2.500, les Protestants de 3.000 à 4.000 dans chaque obédience, les Témoins de Jéhovah 18.000 environ.

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